" On nous aurait menti ? "
La vérité sur la santé aux Etats-Unis
Opinions sept 14, 2009 Alors que les médias du monde entier s’insurgent de l’opposition des Républicains à la réforme de santé d’Obama, Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF, l’Institut de Recherches et d’Etudes Fiscales, rétablit quelques vérités sur l’actuel système de santé américain.
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Le 9 septembre prochain, le président Obama tiendra un discours très important devant le Congrès. Il espère ainsi faire passer sa réforme du système de santé que la gauche française attend avec tellement d’impatience. Or, les Américains n’en veulent pas : la popularité du président Obama est en chute libre et les sondages montrent que les Américains ne souhaitent pas une étatisation de leur système d’assurance maladie. Mais en quoi consiste vraiment ce système, véritable épouvantail brandi régulièrement par les ennemis du marché et du libéralisme ? Paradoxalement, dans ce pays où le système d’assurance-maladie serait si mauvais, les dépenses de santé aux Etats-Unis sont plus importantes qu’en France : 15,8 % du PIB contre 11,4 %. Quand nous dépensons 100 euros pour notre santé, les Américains en dépensent 180. Mais peut-on s’arrêter à cette comparaison globale ? La redistribution de cet argent emprunte des voies très diverses, et n’a pas grand-chose à voir avec les dépenses sociales en France. Ce sont des dépenses qui sont sous la responsabilité des Etats, beaucoup plus que du gouvernement central, et il n’y a pas l’équivalent de notre Sécurité Sociale, centralisée et monopoliste.Un cadre qui gagne 10 000 dollars par mois n’est pas couvert
Environ 5 millions d’Américains n’ont pas d’assurance santé En réalité, le chiffre de ceux qui sont effectivement exclus du système ne dépasse pas les 5 millions. C’est moins que les 6 millions de Français dépourvus de toute couverture sociale que Martine Aubry aurait trouvés en 2000 en instaurant la CMU. Sur 45 millions de non-assurés, 9.7 millions ne sont pas citoyens américains, 17.6 millions ont des revenus supérieurs à 50.000 dollars par an et 14 millions sont inscrits dans des programmes comme Medicaid ou autres système de couverture locaux. Il faut aussi tenir compte du fait que les 45 millions non assurés ne sont pas constamment les mêmes ; ils entrent et sortent de cette situation en fonction de leur âge et de leur revenu. Seulement 20 % des non-assurés se trouvent au chômage. La plupart de ces personnes restent sans assurance un laps de temps très court : 44,1 % pendant moins de 4 mois et 20 % entre 5 et 8 mois. Cette durée courte s’explique par des périodes de chômage lorsque l’employé perd le bénéfice de l’assurance payée par l’employeur ou bien par la période qui s’écoule entre l’embauche dans une nouvelle entreprise et la prise en compte de l’assuré par la nouvelle couverture sociale fournie par l’employeur. Voilà pour les non-assurés. Et pour ceux qui sont couverts ? Les Américains âgés de moins de 65 ans et sous le seuil de pauvreté sont couverts d’office par une assurance médicale intitulée Medicaid (les personnes de plus de 65 ans entrent dans le système Medicare) qui est dispensée conjointement par le gouvernement et par les Etats. Environ 50 millions de personnes en profitent. Concernant ceux qui possèdent une assurance privée, environ 65 % des travailleurs américains sont couverts par une assurance fournie et payée par leur employeur. Depuis décembre 2003, le gouvernement fédéral a mis en place un système d’assurance intitulé HSA (Health Savings Accounts) qui s’apparente plus à un crédit d’impôt qu’à une assurance classique. N’importe quel Américain peut y souscrire et verser sur un compte une somme qui peut varier de 40 à 300 dollars et obtient en échange des déductions d’impôts et une couverture sociale qui rembourse en fonction des sommes versées. Le système de santé américain tel qu’il existe aujourd’hui est en réalité bureaucratisé et extrêmement coûteux. Il faut en effet le réformer, mais en le rendant encore plus responsable et en donnant des possibilités de choix aux individus. Mais dire qu’il ne donne pas à des dizaines de millions d’Américains la possibilité de se soigner est une contre-vérité. |